Entre 200 avant J-C. et 500 après J.-C Patañjali, compile et écrit le savoir de sa philosophie et le chemin vers l'éveil dans un texte les Yoga-sûtra. Ce texte peut être considéré comme la Bible du yoga au niveau de son importance dans le monde du yoga d'hier et aujourd'hui... Le terme « yoga » amène toujours une confusion, parce qu'en Occident, on le croit exclusif à la pratique des mouvements, les asanas. Le yoga est en réalité un système de pensée philosophique et spirituelle avec ses écoles, ses variantes. On l'appelle aussi yoga de Patañjali ou sāṃkhya-yoga, en référence au six darsama, les écoles de pensées hindoues. Les huit membres, ou les huit anga, s’appellent l'ashtanga.
L'ashtanga selon Patañjali
Ash veut dire Huit et Anga signifie Membre.
- Yama : le code de conduite envers les autres
- Niyama : l'introspection et la discipline individuelle
- Asana : les postures du Yoga
- Pranayama : la respiration
- Pratyahara : le contrôle et l’économie des sens
- Dharana : la concentration
- Dhyana : la méditation
- Samadhi : l’éveil
On les appelle aussi les huit piliers du yoga.
Le premier anga : les Yamas
Les yamas sont en quelque sorte le code de conduite en société d'un yogi. Ils indiquent quelles sont les règles qu'un yogi doit respecter dans sa vie sociale. Il y a cinq yamas :
- Ahimsa : la non-violence
- Satya : la vérité
- Asteya : ne pas voler
- Brahmacarya : l'abstinence
- Aparigraha : la non-possessivité
C'est la recherche de l'harmonie avec le monde extérieur. Ce n'est pas un hasard si on retrouve ces concepts dans la plupart des spiritualités. Les yamas sont un code de conduite et une matière riche sur laquelle penser et méditer. Un yogi ne va pas se dire, je suis « non-violent » parce que les yamas le dit, mais il va chercher pourquoi il ne doit pas l'être et comment ne pas l'être. Cette violence peut être protéiforme, envers l'autre ou envers soi-même. En comprenant les yamas, il avance sur la voie du yoga. Les yamas sont une matière fertile qu'un yogi cultivera jusqu'à son dernier souffle.
Le deuxième Anga : Les Niyamas
Les Niyamas sont le code de conduite envers soi-même. C'est ce que l'on se doit. Il faut être à la hauteur de ce que l'on est en essence. On peut utiliser l'aphorisme de Nietzsche, qu'il a lui-même emprunté à Pindare : Deviens ce que tu es. Les niyamas sont une discipline pour se purifier et se libérer afin de retourner à son Soi. Pour y parvenir, il faut développer les cinq vertus suivantes.
- Saucha : Purification du corps et de l'esprit
- Santosha : Apprendre et développer le contentement
- Tapas : Développer et entraîner ses sens
- Svadhyaya : L’étude, l’exploration de Soi
- Ishwarapranidhana : L'abandon et le lâcher prise
Le troisième Anga : Les Asanas
Les asanas sont les postures du yoga. C'est sans doute ce que nous connaissons le plus, parce que c'est ainsi que le yoga s'est installé en Occident au 20e siècle. Si certains en doutaient encore, le yoga n'est pas une discipline sportive, mais bien une discipline spirituelle qui s'intégre dans un cheminement global.
Le quatrième Anga : Le pranayama
Les exercices de respiration sont bien évidemment un pilier du yoga. Le yoga dans sa philosophie n'oppose pas le corps et l'esprit. Quelque part la locution latine Mens sana in corpore sano est très représentative de la vision holistique du yoga. Le pranayama permet de travailler sa respiration physique, mais aussi énergétique en libérant et en équilibrant les vayus.
- Les quatre premiers anga sont appelés : les bahiranga ou le yoga extérieur. Ce sont les quatre piliers du hatha yoga.
- Ensuite, vient le cinquiéme anga qui est le lien avec les trois derniers anga. On les appelle l'antaranga, c'est-à-dire l'anga intérieur.
Le cinquième Anga : Pratyahara
Le pratyahra est le contrôle des sens pour qu'ils restent focaliser vers l'intérieur. C'est un art difficile, car c'est contraire à la nature de nos cinq sens qui est justement d'écouter, de goûter, de toucher, de voir et de sentir le monde. Mais pour retourner vers Soi, il faut apprendre à s'écouter tout en évitant les pièges de l'ego. Quand on pratique le yoga, quelle que soit la discipline de yoga ou de méditation, le professeur vous dira toujours de ressentir : l'air dans les narines, le bout de vos pieds, le mouvement de vos muscles... On entend souvent l'expression un peu cavalière, mais très éloquente : "faire un scan de son corps". C'est ressentir et prendre conscience de lui. Ne cherchez pas, ce sont les bases du pratyahra.
Le sixième Anga : Dharana
Dharana est souvent traduit par la concentration, mais ce serait plutôt le contrôle du mental. Il est évidemment directement lié à Pratyahara. Pour contrôler son mental, il faut être capable de se tourner entièrement vers lui pour ne pas lui laisser une chance de s'échapper avec ses cinq sens.
Le septième Anga : Le Dhyana
Dhyana, c'est tout simplement l'art de la méditation. On peut dire que les anga précédents sont faits pour nourrir le Dhyana qui doit vous mener à Samadhi.
Le huitième Anga : le Samadhi
C'est l’état d'éveil, l'illumination, la Libération... Ce n'est pourtant pas un point d'arrivée et on pourrait même se demander si cela doit être un objectif. « Avoir un objectif », ca ressemble étrangement au langage de l'ego, non ? Le samadhi est un état, mais on ne sait pas s'il dure le temps d'un claquement de doigt, quelques jours... Ce que l'on sait, c'est qu'il arrive lorsque le yogi est prêt et qu'il est parvenu à son Soi grâce aux sept anga précédents. C'est donc en travaillant avec discpline sur soi que l'on peut parvenir au Samadhi.
Vous connaissez maintenant les huit membres du yoga. Que vous soyez un pratiquant de Asana ou de Dhyana, comprendre que ce sont des pièces d'un puzzle bien plus large permet d'aller plus loin dans la réflexion. Et pour ceux qui veulent en savoir plus, nous développerons chaque Anga dans un article particulier au fil de l'année...