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Yoga Sūtra de Patañjali : Pratyahara , le cinquième pilier

Bâtissez votre pont vers votre Moi

Pratyahara est plus qu'un pilier, c'est un pont. Si vous découvrez ce membre du Yoga Sutra de Patañjali, vous pensez peut-être que vous ne le connaissez pas. Pourtant, si vous pratiquez le yoga et la méditation, vous l'appliquez déjà malgré vous. Pratyahara, c'est l'écoute intérieure. Quand votre professeur de yoga vous dit de ressentir et d'écouter votre corps, quand, dans un exercice de pranayama, vous vous focalisez sur le passage de l'air de votre ventre à votre narine, quand, dans une séance de méditation, vous concentrez votre attention vers l'intérieur, vous travaillez le cinquième pilier du Yoga Sutra de Patañjali. En étudiant Pratyahara, nous allons comprendre pourquoi ce retour vers l'intérieur est un fondement du yoga. Les quatre premiers membres Ashtanga sont les bahiranga, les membres extérieurs. Les trois derniers membres sont les Antaranga, les membres intérieurs. Pratyahara est le pont entre ces deux mondes.

Pratyahara contre l'emprise des sens

Le cerveau est un muscle qui fonctionne par stimulation. Les cinq sens permettent de le stimuler. Plus il sera stimulé, plus il aura besoin de sa dose. Il est totalement dirigé vers le monde, vers l'extérieur. On peut utiliser la métaphore de Jim Morrisson dans son recueil de poésie, Americian Prayer, où il parle en substance de" l'œil qui se nourrit du monde". Cet œil, c'est notre cerveau. Il utilise, la vue, l'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat pour le percevoir. Quand vous êtes assis en lotus et que vous essayez de méditer, il va paniquer et chercher à vous rediriger vers l'extérieur pour capter un maximum de stimuli. Les débutants le savent bien ; tout commence généralement avec la phrase du professeur « vous ne pensez plus à rien ».. Et là, c'est la plongée dans un dialogue de Samuel Beckett « Je ne pense à rien, mais si j'y pense, c'est que je pense à quelque chose... » Vous pouvez aussi avoir envie de rire, vous raccrochez à un bruit. En fait, tous vos sens vont chercher à vous empêcher de retourner en vous. Il existe de nombreuses raisons dont certaines sont liées à leur fonction originelle, d'autres sont dues à notre mode de vie où nos sens sont hyper-sollicités.

Pourquoi est-ce un problème assez significatif pour que Patañjali, il y a plusieurs millénaires, en fasse un membre à part entière de son Yoga Sutra ?

La recherche permanente de stimulation va à l'encontre de plusieurs préceptes du yoga :

  • Etre entièrement consacré à l'instant présent
  • Se libérer de ses envies et besoins
  • Se recentrer sur soi
  • S'émanciper de son ego

Pratyahara , le cinquième pilier du yoga

Si on voulait résumer cela avec le vocabulaire religieux, on parlerait de tentation. Évidemment, nous ne sommes pas destinés à devenir moine. Si vous lisez ces lignes, c'est que vous cherchez à progresser et Pratyahara est le pont à bâtir sur le chemin de l'éveil selon Patañjali.

Sutra II 54 « Quand le mental n'est plus identifié à son champ d'expérience, il y a comme une réorientation des sens vers le Soi »

Patañjali insiste avec ce sutra sur la différence entre l'extérieur et le Soi. Il parle de réorientation, ce qui est intéressant, car il ne dit pas de ne plus utiliser nos sens, mais simplement de les utiliser d'une façon différente. C'est tout le travail de ce cinquième pilier. Il est un pont, car tout le travail effectué sur les quatre premiers piliers va permettre de donner la matière pour construire ce pont vers votre Soi. Pratyahara serait en quelque sorte, l'outil qui va permettre de construire un pont solide. Une fois qu'il est bâti, il pourra être utilisé à volonté.

Au début, c'est un pont de singe, et encore, il faudra le parcourir de nombreuses fois pour qu'il devienne aussi solide qu'un pont de pierre. Là encore, on peut dire que le Yoga Sutra de Patañjali est très bien pensé. Avant même d'entrer dans ce 5e anga, on a commencé à le travailler sans le savoir avec les asanas et le pranayama en se concentrant sur les sensations de votre corps, sur la façon de respirer, sur la circulation de l'air. Le yama et niyamas sont les premiers pas dans cette démarche, car retourner vers Soi, c'est aussi travailler sur son esprit, être capable de penser, de réfléchir sur soi en toute honnêteté. Nous allons donc voir que le travail de pratyahara est inhérent à la pratique du yoga et de la méditation.

Pratyahara : batissez votr pont vers le Soi interieur

Apprendre à s'écouter

On parle d'écoute. Tous les sens sont à l'écoute du corps. L'esprit est passif, mais il doit être là, car il est conscient de ce qu'il observe, de ce qu'il ressent. Il y a un lâcher-prise total. L'esprit est un témoin, il n'intervient pas. Il est l'oreille qui écoute, sans jugement, sans commentaire, sans censure. C'est évidemment difficile et pour les plus cérébrales d'entre nous, cela ressemble à une mission impossible. Les techniques de concentration que vous allez utiliser dans la pranayama ou dans la méditation sont faites pour parvenir à cet état. Quand dans le cours de méditation, le professeur vous dit d'imaginer un portail et d'entrer dans un jardin, il ne veut pas vous sensibiliser au marché de l'immobilier, mais tout simplement garder votre esprit à l'intérieur. Cette technique permet d'occuper votre cerveau et l'empêcher momentanément de partir sur le repas du soir, le bulletin scolaire du petit dernier ou du dossier à rendre à son patron. Parvenir à être à l'instant présent est un vrai challenge, car ce n'est pas du tout comme cela que notre cerveau est formaté. Le présent pour lui n'existe pas. Notre civilisation le pousse dès l'enfance à éviter d'être dans l'instant. Le Pratyahara est une façon de le libérer de ce formatage, mais il doit le faire contre lui.

Comment pratiquer Pratyahara

Toutes les personnes qui vous disent qu'elles n'arrivent pas à méditer sont victimes de cette incapacité à retourner en soi. Ce n'est pas grave, il faut être humble et discipliné. Le pire, c'est que ce sont souvent les personnes qui en ont le plus besoin qui ont le plus de mal à trouver cet état. Le pranayama permet lui aussi d'apprendre à se concentrer. Le professeur vous dit de vous concentrer sur l'air qui passe dans la narine droite, de sentir l'air circuler, c'est exactement le même processus. Apprendre à s'écouter tout en donnant un jouet au cerveau pour qu'il ne cherche pas à se retourner vers l'extérieur. Une fois que l'on parvient dans un état de lâcher-prise, on laisse venir à soi les émotions, les sensations et les sentiments, mais sans qu'ils prennent le pouvoir sur nous.