Le Dhyāna est le septième pilier du Yoga Sūtra de Patañjali. Il est souvent confondu avec le pilier, Dharana, car ces deux angas sont liés. Dhyāna est la méditation que va atteindre le yogi qui sera parvenu à se libérer du bruit extérieur et intérieur. En parvenant à ce septième pilier, il s'est libéré de son ego en suivant le Yama et le Niyama. Il a émancipé son enveloppe corporelle et ses corps invisibles en pratiquant avec assiduité les postures de yoga, Asana, et le pranayama. Il a ensuite protégé son mental en le libérant des sens avec Pratyâhâra. Dharana, le 6e anga, apprend à se concentrer totalement, sans discontinuer et longuement sur un point unique.. Dhyāna est la résultante de six premiers angas. Il n'existe pas de raccourcis pour l'atteindre.
Samadhi Pada, les textes de l'illumination
Samadi Padha est le premier chapitre du Yoga Sutra de Patanjali où 51 sutras viennent nourrir la pensée et l'esprit sur l'illumination. Dans ce premier chapitre, Dhyāna est largement évoqué, Patanjali explique ce qu'est l'illumination et à quoi sert le yoga. Le yoga est l'arrêt des activités mentales. Dhyāna est l'aboutissement du yoga, le pont qui va mener à Samadhi. Il faut comprendre que notre conception du yoga en Occident serait comme regarder le monde à travers un judas. La vision globale de Patanjali nous permet de donner un sens à notre pratique même si les derniers angas semblent inaccessibles pour le commun des mortels. Inaccessibles, parce qu'il faut consacrer sa vie à cela pour y parvenir et les Hindous et les bouddhistes diraient qu'il faut même y consacrer plusieurs vies. L'expérience de Dhyana et même de Samadhi peut être atteinte même par des non-pratiquants.L'universalité implique que ce domaine ne soit pas réservé à une caste ou à une religion. On peut le figurer comme un endroit que nous avons tous en nous. Certains vont travailler durement pour trouver le chemin et d'autres vont s'y retrouver par hasard, un millième de seconde aux goûts d'éternité. La discipline va permettre de passer plus facilement le pont. L'Eveil reste un état rarissime, mais l'expérience de Samadhi l'est moins. Là encore, il faut regarder le monde avec bienveillance et sans jugement, mais comment savoir qui dit vrai, qui se trompe, qui sait ?
Dhyāna, la méditation absolue
Il est assez difficile de décrire ce qu'est Dhyāna parce que, pour y parvenir, il faut atteindre un état que peu de yogi ont atteint. La description de cette méditation reste plus que floue dans les textes et les yogis qui sont parvenus à cet état ne sont pas les plus loquaces et se retranchent souvent derrière « il n'y a pas de mot » quand d'autres seront plus prolixes, mais pas vraiment plus clairs. Le Samadhi Pada nous donne une idée et des textes magnifiques ont été écrits sur la Joie et l'Illumination, mais, pour nous simple pratiquant de yoga, qui avons déjà du mal à ne pas voir la Montagne s'écrouler, les sphères spirituelles et la conception holistique peuvent nous perdre. Si on peut faire une comparaison qui n'implique que votre serviteur, on peut comparer Dhyāna à l'alchimie. Dhyāna , c'est un peu comme si c'était la pierre philosophale des alchimistes. Cette substance mystérieuse a le pouvoir de transformer le plomb en or. Le creuset, c'est votre âme, ce Moi universel. Le plomb serait l'ego. Le yoga serait la flamme qui ferait chauffer le plomb pour le purifier. L'alchimiste doit trouver la température exacte pour que le plomb fonde et l'équilibre parfait des éléments qu'il doit ajouter au bon moment. Et c'est ainsi, sur le travail d'une vie, qu'il pourra enfanter cette pierre philosophale. Dhyāna , c'est la phase juste avant de trouver la pierre philosophale. Sans parcourir le chemin, il est impossible de l'atteindre. Il faut parvenir à purifier le corps et l'esprit tout en trouvant l'équilibre parfait qui va mener à la méditation Dhyāna. Quand on parle de discipline, nous pensons inévitablement aux asanas, mais cette discipline doit être holistique. En effet, nous connaissons les six étapes qui vont mener à Dhyāna , nous savons que parvenir au 4e stade de méditation, c'est caresser la joue de Dieu, faire corps avec le vivant et autres jolies métaphores... On arrive peut-être à la limite du yoga que nous connaissons en Europe pour atteindre une conception beaucoup plus spirituelle. Le 7e Anga mène à l'Éveil. C'est dire que Dhyāna est un point de bascule vers un autre état qui dépasse notre compréhension intellectuelle et sensible du monde.Peut-être, je dis bien peut-être, que chercher à l'expliquer est assez vain puisque c'est un état de conscience à expérimenter. Patanjali dit en substance que même le "vrai savoir" devient un obstacle et qu'il faut savoir tout laisser derrière soi pour toucher à cette conscience. C'est une méditation absolue, longue et ininterrompue. Le yogi a appris à se concentrer avec Dharana et l'étape suivante est de dépasser l'objet pour atteindre un état de conscience où notre part d'universel se réunit avec l'univers. Le méditant parvient à ne plus être conscient de sa concentration. Il est conscient de lui-même et de l'objet de sa méditation. Il entre en contemplation.
Pour présenter les asanas, le pranayama, les mudras, nous soulignons les bienfaits pour le corps et l'esprit. Parler des bienfaits de Dhyāna n'a pas vraiment de sens puisque cette méditation intervient après un long cheminement. On pourrait aller plus loin en disant qu'une fois atteinte, il n'est plus question de bien, de mal et de bienfaits, parce que le méditant est au-delà même de l'idée de bien-être puisqu'il a déjà franchi les six angas. Dhyāna, c'est la libération finale de la conscience. Celui qui y parvient aura donc profité de tous les bienfaits des six autres angas. On vous explique également comment réaliser un mantra, une posture ou utiliser un accessoire de yoga. Alors, comment réaliser Dhyāna ? Cherchez le vrai savoir, pratiquez avec discipline et gardez une vision holistique du yoga, sans oublier l'humilité... Vous voilà bien avancés !