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Yama : mieux comprendre Brahmacharya

La modération en toute chose

Avant les fêtes de fin d'année, il est un peu amusant, voire provocateur, de parler de Brahmacharya et de son importance dans le yama, le premier pilier du yoga, selon Patañjali. En effet, faire l’éloge de la modération à quelques semaines de la période où l’excès est consacré que ce soit au niveau de la consommation ou des victuailles, mais aussi des émotions, semble contre intuitif. Le yama est un code de conduite dans la philosophie du yoga mais, en tant que tel, il ne doit pas être utilisé comme une vérité révélée ou comme une source de jugements sur ses propres actes et encore moins ceux des autres. Il indique un chemin qui permet d'évoluer et de se libérer en travaillant sur soi-même.
Le premier pas est de comprendre les raisons et le sens des règles qui constituent le yama. Brahmacharya est le quatrième enseignement décrit par le sage Patañjali, mais c'est également un terme qui a un sens plus large qui englobe la voie monacale qu'elle soit celle des religieux mais aussi des laïcs. On retrouve cette acception dans les religions et les spiritualités d'Asie. Brahmacharya est la voie de la modération qui permet d'atteindre l'équilibre.

Brahmacharya : la première étape du chemin vers l'éveil

Une fois de plus, on retrouve un terme sanskrit qui définit plusieurs réalités. Tout d'abord, découvrons sa signification :

  • Brahma est le dieu de la création et membre de la trinité hindou avec Vishnou et Shiva. Par extension, il représente le Verbe qui crée – le Om, mantra primordial - le sacré et l'absolu, le support du grand Tout dont nous sommes tous issus.
  • Carya vient du mot 'Car' qui signifie  "aller", "se livrer à" et "faire".

Brahmacharya peut donc se traduire par «  aller vers l'absolu ». C'est donc le chemin qui mène à l’éveil, là où le sage retrouve sa place dans le grand tout. Pour ceux qui ont lu notre série d'articles sur le Yoga-Sutra de Patañjali, on retrouve cette idée de libérer son esprit en le purifiant. Pour les Hindous, cette purification commence par l’étude du yama et des cinq lois morales qui le constituent. Évidemment, ce n'est pas un hasard si le premier pilier du Yoga Sutra de Patañjali est le yama qui présente sa quatrième loi : Brahmacharya

Brahmacharya: la modération pour trouver l'équilibre

Brahmacharya : de l'abstinence sexuelle à la modération de toute chose

Pour l’hindouisme et le bouddhisme, c'est aussi le renoncement à la vie sexuelle qui est souvent citée comme la première définition du terme. On peut penser évidemment à la vie d’ascèse consubstantielle à l'existence des moines et des prêtres, mais si l'abstinence est le point commun, l'explication sous-jacente est bien différente. Dans le catholicisme, l'idée de se consacrer entièrement à Dieu est l'explication la plus simple donnée aux fervents tandis que, dans l'hindouisme, l'abstinence est conseillée car elle permet de préserver l'énergie sexuelle et, ainsi, de l'engager dans sa propre élévation.  

Finalement, Brahmacharya est devenu la voie que les sādhus vont suivre en respectant les lois morales développées dans le yama. Nous allons voir que ce développement est pour le moins succinct et qu'il laisse, ainsi, une grande place à l'interprétation ou plutôt à la méditation. Brahmacharya, qui longtemps a été admis comme le choix de la chasteté, est devenu une modération plus holistique. Si on prend conscience que ces textes ont plusieurs millénaires, il faut comprendre que manger à sa faim et avoir un toit sur la tête était déjà une bénédiction. Il paraît, donc, assez logique que la modération ne soit pas étendue à un matérialisme qui, à l’époque, concernait une infime partie de la population de ces nations. Alors qu'aujourd'hui, la modération peut être conjuguée à la plupart de nos habitudes de vie.

Brahmacharya: la moderation pour trouver l'équilibre

Yoga Sutras (aphorisme II.38)  :
« Brahmacharya pratishthāyām vīralābhah »
« L’être établi dans la modération gagne une bonne énergie de vie »

L’écho que le yoga peut avoir aujourd'hui s'explique par la simplicité de ses textes fondateurs qui laissent une place majeure à l'interprétation. On est loin des religions des livres avec des textes où l'impératif induit des vérités absolues qui ne pourraient être commentées que par les gardiens du rite.
Cet aphorisme pourrait être, aujourd'hui, enseigné aussi bien par notre médecine moderne que par un religieux ou un philosophe. On pourrait dire que Brahmacharya n'aurait rien de révolutionnaire s'il n'avait pas été écrit, il y a plus de 5 000 ans. Brahmacharya nous invite à méditer sur la modération et sur la place que nous pouvons laisser aux choses dans notre vie. C'est un chemin où il faut apprendre à abandonner le plaisir éphémère pour s'éveiller au bonheur. Nous parlions de l'abstinence, car elle permet de consacrer l’énergie sexuelle à son cheminement intérieur, mais n'en est-il pas de même pour tout ce que nous appelons plaisir ?
On conçoit généralement mieux Brahmacharya quand on l'applique au corps et à la santé. La plupart d'entre nous ont connu les effets des excès, ne serait-ce que lors d'un repas trop copieux et trop arrosé. Le corps est capable de nous signifier très rapidement qu'il est allé au-delà de ses limites. L’esprit, quant à lui, peut rencontrer plus de difficultés à prendre du recul. On retrouve l'ennemi des yogis, l'ego qui va utiliser le matériel comme une source de satisfaction qui est assez éphémère et addictive pour qu'elle devienne une préoccupation majeure qui va cannibaliser toute velléité de se libérer du matérialisme. Brahmacharya, c'est la sobriété qui permet d'évacuer l'excès pour trouver le chemin de la joie.

A chacun son Brahmacharya

Brahmacharya : à chacun sa mesure

Brahmacharya nous invite à la modération mais, là encore, tout le monde n'est pas fait - certains diront destinés – à vivre une vie monacale loin du monde laïc. Pour nous, Brahmacharya consiste à prendre du recul et à s'observer sans jugement, mais en toute clarté et objectivité. Il faut chercher, à travers les différents plaisirs et passions, celles qui nous prennent une énergie excessive et qui, finalement, sont source de souffrance physique, mais aussi morale.
On évoque plus rarement Brahmacharya quand il est question de sentiments. Ces derniers temps, on entend souvent des personnes utiliser une colère pour en faire le point de départ d'un courant idéologie ou d'un combat comme si les fleurs de la raison pouvaient croître sur ce terreau, aussi légitime soit-il.
Nous vivons dans une société où l’excès de sentiment est érigé comme un nouveau modèle à suivre. C'est tout le contraire de l’enseignement de Patañjali qui, en plus de la modération, appelle également à se libérer de l'emprise des sentiments qui viennent lester aussi bien l'esprit que la pensée. Modérer sa pensée, c'est aussi modérer ses sentiments qui peuvent devenir destructeurs, aussi bons soient-ils.

Brahmacharya reste un chemin à parcourir par tout un chacun qui l’accueillera selon son expérience et sa capacité du moment. Le yama est étudié et à méditer tout au long de sa vie. Et, pour cette nouvelle année, Brahmacharya serait une excellente bonne intention à placer au cœur de sa pratique et de ses méditations.