Les blessures dans la pratique du yoga ne devraient pas exister et pourtant, elles peuvent arriver. Notre discipline n'exige pas plus que l'on puisse lui donner. Du yoga pour les enfants au yoga pour les seniors, toutes les variantes permettent d'adapter les pratiques au corps du yogi. Malgré tout cela, on travaille avec son corps et son esprit : on peut aller un peu trop loin, être moins attentif ou se lancer dans un asana qui est mal maîtrisé et finir par se faire mal. Les blessures sont rarement graves et si on ne peut pas dire jamais par prudence, le yoga n'est pas réputé pour être une discipline à risque et c'est même tout le contraire ; les sportifs l'utilisent pour soulager et renforcer en douceur leur corps tandis que nos seniors le pratiquent pour rester en forme et garder de la mobilité et de l'équilibre. Néanmoins, il est nécessaire de se référer à l'avis d'un médecin en cas de pathologies, de blessures récurrentes, d'une maladie ou d'une opération. On vous explique comment éviter les blessures dans la pratique du yoga en suivant les préceptes et la philosophe de cette discipline.
Être à l’écoute de son corps
Ce n'est pas une rengaine de yogi ou de votre professeur de yoga. Être à l'écoute de son corps, c'est un moyen de vous ancrer dans votre pratique. Cela permet d'apprendre à se focaliser sur l'instant et à éliminer les bruits et les pensées parasites qui troublent la concentration. L'écoute de son corps, c'est également apprendre à le connaître du bout de votre orteil à la pointe de vos cheveux. C'est une capacité à développer, notamment dans notre société où le corps ne s'écoute que dans la douleur ou la maladie. En apprenant à le connaître, vous pourrez le maîtriser - pourquoi pas l'aimer ? - et trouver cette limite entre l'effort et la douleur et donc entre la tenue d'une posture qui peut être intense et la douleur. La douleur, c'est un avertissement du cerveau. On ne pratique jamais le yoga dans la douleur. La meilleure façon d'éviter les blessures dans votre pratique, c'est d'apprendre à connaître votre corps et cela tombe bien puisque la pratique du yoga va vous l'enseigner.
Ne pas confondre le mental et l'ego
C'est une distinction aussi primordiale que difficile à comprendre quand on se lance sur un tapis de yoga. L'envie de se dépasser, de se montrer compétitif, de se fixer des objectifs... Tout cela est à proscrire de votre cours de yoga, car c'est contraire à la philosophie du yoga et c'est comme cela qu'on se blesse. Le mental permet de dépasser sa zone de confort avec l'humilité nécessaire pour ne pas mettre son corps dans la zone rouge. Parfois, le mental vous aidera tout simplement à vous motiver pour pratiquer. L'ego veut aller trop vite, trop loin et trop fort sans même être à l'écoute du corps. C'est là où les blessures peuvent survenir. Se confronter à un asana intense parce qu'il a été vu sur un réseau social, sans prendre en compte ses difficultés, ses complexités, c'est prendre le risque de se blesser. L'humilité sera votre meilleure alliée pour éviter de vous faire mal dans votre pratique du yoga.
Faire avec ce que l'on est à l'instant présent
Chaque corps est différent de par son histoire, sa génétique et son quotidien. Certains sont souples, d'autres moins. Ils ont des faiblesses et des qualités différentes. On sait également qu'au fil de la pratique, notre corps n'aura pas les mêmes possibilités d'une séance à l'autre. C'est quelque chose qu'il faut apprendre à accepter ; oublier le « je sais » ou « j'y arrivais hier ». Dans le yoga, la connaissance n'est pas uniquement intellectuelle. Il y a la connaissance des sensations, des émotions et l'appréhension du mouvement qui seront aussi importantes que l'asana théorique, sans même parler de ce qui ne se voit pas comme la respiration. Le yoga tient compte du lien entre l'esprit et le corps ; votre état d'esprit change, votre corps aussi. Sur votre tapis de yoga, vous n'êtes pas le pratiquant de la veille ou de la semaine précédente. Si vous voulez éviter les blessures, pratiquez vos asanas comme si c'était la première fois. Votre jambe se plie moins bien, votre dos est douloureux dans la posture du pigeon alors qu'habituellement, elle ne vous provoque aucune sensation de douleur ?
Adaptez votre engagement à vos sensations et sans porter un jugement négatif. Si votre corps vous dit non, cela peut être le signe d'une fatigue, d'une fragilité ou peut-être de stress. Le fait de connaître et de maîtriser une posture est une connaissance technique, mais le fait de savoir écouter son corps est un enseignement du yoga. C'est un peu pour cette raison qu'on ne dit pas " je suis bon dans le yoga" : ce n'est pas une fin en soi. Pour éviter de se blesser, il ne faut pas se comparer. Si votre voisine de tapis de yoga est souple et parvient à toucher le sol dans une posture et que vous souhaitez faire pareil sans en avoir la possibilité, vous allez forcer pour y parvenir, simplement pour satisfaire votre ego.
Ne pas confondre force et intensité
Cela peut être difficile surtout quand on pratique un autre sport où le dépassement de soi est une vertu cardinale. La fameuse phrase « continue, c'est dans la tête » est un non-sens pour un pratiquant de yogi. Cela ne signifie pas que le dépassement de soi n'existe pas au yoga. Il se retrouve au-delà du yoga postural dans la philosophie et la spiritualité. Pour parvenir à l'éveil, le dépassement de soi est un cheminement, une lente métamorphose, pas une course ou un concours de force. Pour parvenir à une pratique du yoga bénéfique pour votre corps et votre esprit, il faut être capable d'observer et de comprendre ce qu'il y a dans votre tête.
Pensez aux représentations des bouddhas et leurs visages absolument lumineux et infiniment apaisés. Dans le yoga postural, on ne pratique jamais en force, mais avec engagement. L'ouverture des hanches, le renforcement des muscles profonds, dénouer les nœuds, libérer les tensions, étirer, assouplir peuvent et vont entraîner des tensions. L'idée est de travailler dans l'intensité sans chercher à forcer pour aller dans cet au-delà où se situe la douleur. C'est la même chose pour apprendre le pranayama : le pratiquer en force et sans mesure peut littéralement vous envoyer au tapis.
Vous l'aurez compris : pour ne pas se blesser, il faut pratiquer le yoga en conscience. Pour ne pas se blesser, il faut pratiquer le yoga non pas comme un sport, mais une discipline holistique. Un conseil qui peut venir s'agréger concerne les pratiquants qui vont évoluer seuls : commencer toujours en douceur et apaiser votre mental avant de débuter. Et enfin, même si cela va de soi pour Chin Mudra, utilisez des accessoires et des tapis de yoga qui permettent une pratique sûre et confortable !